#1 02-02-2010 18:38:44

Ethan Rome
Rat
Avatar de Ethan Rome
Coterie: Cercle d'Ebène
Âge:
Classe: Cartographe et Diplomate
Citoyenneté:

Ombre et merveilles

Préambule : Enième retour à la civilisation

-1-



Las et fourbu, voilà dans l’état qu’Ethan Rome était après de longs jours à parcourir le royaume de Belerim, ce à grands pas. Fuyant la civilisation. Par goût de l’aventure et de la solitude. Mais pas seulement. Une autre raison le pressait de ne pas s’éterniser longtemps au même endroit. Un jour règlerait-il peut être sa dette, qui n’en était pas une à son sens s’estimant innocent pour le coup. Toutefois ce n’était pas une de ses priorités du moment. Il se trouvait que son équipement vieillissant lui imposait de devoir rafraichir ses outils de survie et son apparence. Son arc avait vécu son temps. Tout autant que sa tunique de cuir, déchirée en certains endroits. Rafistoler cet attirail ne servait plus à rien, ne faisant que retarder de peu l’échéance du jour où il se retrouverait à nu. Il lui fallait du neuf. Signifiant un retour obligé vers la civilisation. Vers une grande ville.

Son visage fin, légèrement ovale, portait les stigmates de sa fatigue. Des cernes sous ses yeux de chat, d’un vert opale. Des paupières plissées à demi affaissées. Les traits tirés, et les quelques rides d’expression de son visage creusées. Ses cheveux tombant en mèches rebelles et obstruant un peu sa vision. Ce malgré une capuche sensée les maintenir de sorte à avoir sa vue dégagée. Toujours mieux pour viser avec un arc. Sa démarche lente, voir nonchalante, en disait long aussi sur son état. Son apparence frêle, découlant de sa forme corporelle en forme de sablier, lui donnait par moments l’air d’osciller comme un bateau tanguant sur la houle.

A ce moment là, il n’était ni plus ni moins qu’un épouvantail ambulant. Si il avait fait nuit, il aurait été possible que quelqu’un le croisant le prenne pour une aberration. Le jour déclinait, néanmoins la lumière restait somme toute encore suffisante pour l’heure. Du moins pour qu’il ne se fasse pas pourchasser comme un vulgaire monstre. Aussi sa seule préoccupation était de rejoindre le hameau d’Alonn, se rendre à l’auberge et s’y installer pour la nuit. Ensuite il pourrait bien aviser. Toujours était-il qu’il lui restait deux lieues à parcourir pour ce faire. A vue d’œil selon sa propre perception.

En réalité il se trouvait à une distance deux fois plus grande. L’aurait il sût qu’il n’aurait râlé que plus, sans pour autant se laisser tenter de camper à la belle étoile. Il mit donc pratiquement deux bonnes heures pour faire le trajet à travers la plaine. Le faux plat montant l’avait forcé à ralentir sa cadence de marche, déjà peu rapide. De fait il n’arriva à la porte de l’auberge d’Alonn qu’à la nuit tombante. Mais il en poussa un soupir de soulagement. La vue de cette porte peinte en verte, était synonyme d’une nuit passée au chaud dans un lit douillet. Ce qui le changerait du quotidien. Surtout que l’auberge d’Alonn était un établissement respectable. Pas un bouge où l’on a l’impression de dormir sur une planche à clous et où les cafards vous saluent à votre entrée dans la chambre. Non, loin de là. Lors de sa première visite du hameau des jours auparavant, Ethan avait put s’en assuré.

Cependant avant d’entrer, il prit la peine de se dégourdir les membres. Pour finir par se tapoter les joues. Il essayait de se donner un peu plus de consistance. Car il savait que paraitre trop faible n’était jamais bon. Attirant les coups fourrés. Comme le disait son père : « - A bonne mine, on écarte la rapine ». Pas tout à fait vrai, mais pas tout à fait faux non plus. Après ces quelques exercices effectués, le jeune homme s’autorisa à enfin pénétrer à l’intérieur.

Dès l’ouverture de la porte d’entrée, il avait sentit la chaleur. Celle de l’air de l’intérieur se dégageant comme étant aspiré par l’extérieur. Une chaleur contrastant avec le froid qui régnait dehors. Température frisquette renforcée par les vents qui soufflaient avec ardeur depuis le milieu de la matinée dans la région. Ce qui le fit vite passer le pas de la porte. Afin de profiter pleinement de la température plus clémente régnant dans la salle de l’auberge. Il prit toutefois la peine de refermer la porte derrière lui. Pas sans gêne pour un denier.

Peu de monde se trouvait là. A peine plus d’une douzaine de personnes. Des villageois à n’en point douter. Aucun d’entre eux ne portant d’habits qui faisaient fureur sur les étales des grandes villes des alentours. Quelques visages burinés semblant avoir été taillés à la serpe, le dévisageait. Pour dissiper l’attention, Ethan adressa un bref salut à l’assemblée puis se dirigea promptement vers le comptoir. Là ou se trouvait le tenancier. Un homme entre deux âges, corpulent voir bedonnant, le visage bouffi et le crâne poli. L’incarnation même de l’aubergiste dont les affaires tournent bien, se complaisant dans le profit des bonnes chairs, ne souffrant pas de privation. En se rapprochant, Ethan constata la présence de miettes prises au piège dans la longue barbe brune de l’homme. Ce qui l’amusa. Confortant sa vision qu’il avait de ce dernier. Arrivé à sa hauteur, d’une voix monocorde Ethan s’adressa à lui :

« - Bonsoir. Une chambre pour la nuit, un repas et de quoi prendre un bain, est ce possible ? »
« - Bien entendu que cela est possible, mon bon monsieur. Toutefois pour le bain et le repas il vous faudra patienter quelque peu. Le temps de les préparer. Il vous en coutera vingt cinq deniers. Payable d’avance comme vous le savez… puisque ce n’est pas la première fois que nous nous voyons. Si ma mémoire ne me joue pas des tours. »


Le ton de l’aubergiste avait été affable, aussi Ethan opina du chef pour confirmer les dire de celui-ci. Dans le même temps, il s’occupa de farfouiller dans sa bourse pour payer la somme demandée. Quelques secondes plus tard, le sourire de l’aubergiste s’élargissait à la vue du petit tas de pièces que le jeune homme avait disposées sur le comptoir.

« - Les bons comptes font les bon amis, mon bon monsieur. Je vous donne la chambre trois, la même que la dernière fois. Vous pourrez vous y reposer le temps que je vous fasse monter votre repas et votre bain si vous le souhaitez. »
« - Ce sera parfait. Et je peux constater que vous avez bonne mémoire, pour vous souvenir de la chambre que j’ai occupé lors de ma dernière venue. »
« - Je n’ai aucun mérite, à vrai dire nous ne voyons que peu de gens venant des grandes villes comme cela semble votre cas au vus de vos habits. Aussi ai-je plus de facilité à me souvenir d’eux que des paysans du coin venant s’encanailler en ville une fois vendues leurs récoltes. Je le déplore, je préfère la compagnie d’homme du monde, eux ne demande pas crédit. »


Il avait glissé un clin d’œil empli de malice au jeune homme. Qui versé dans l’ironie, comprit ce que l’aubergiste voulait dire par là. L’appât du gain. Mais au moins celui là ne le niait pas à contrario de beaucoup d’autre commerçants. Cela plaisait à Ethan.

« - Je vois tout à fait, répondit il voulant paraitre aimable à son tour. Ma clé et je vous laisse finir tranquillement votre repas. »
« - Ah… j’ai encore des miettes dans ma barbe. Vous m’avez démasqué
, dit il en riant. Puis sortant du dessous du comptoir une clé assortie du porte clé rappelant le numéro de la chambre correspondante, Tenez… ne vous en faites pas vous n’aurez pas longtemps à attendre pour ce que vous souhaitez obtenir. »

Ethan le remercia et se dirigea à droite vers l’escalier menant à l’étage. Là ou se trouvaient les chambres. En montant, il put entendre l’aubergiste vociférer à l’intention de son personnel l’ordre de préparer un repas et un bain chaud pour la chambre trois. Effectivement il n’aurait pas longtemps à attendre pensa t’il. Ce qui l’enchanta, impatient qu’il était de pouvoir enfin se délasser repu et débarrassé de la poussière lui collant à la peau.

Dernière modification par Ethan Rome (24-06-2010 02:52:50)


" Nous sommes tous une infime partie d'un grand tout ..."
Phrase prononcée lors de la fondation de la communauté du Cercle d'Ebène.

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#2 19-02-2010 05:10:29

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Re: Ombre et merveilles

-2-


Ethan émergea péniblement de son sommeil à la lueur de l’aube. Il avait passé la nuit entre les racines d’un vieil arbre solitaire à deux ou trois lieues de l’orée du massif de l’Edelfort. Maigre abri contre les bourrasques glacées du vent qui avait soufflé. En outre, il avait passé une bonne partie de la nuit à grelotter à cause du froid humide ambiant. A présent, son corps subissait les conséquences de son choix de parcourir les collines. Non la forêt du massif. Il se trouvait meurtri par les courbatures. Néanmoins, Ethan ne le ménagea pas pour autant. Le contraignant à obéir à sa volonté. Celle de réunir ces affaires et de poursuivre sa course. Pressé par le temps, pressé par les affaires.

L’espace d’un instant, lui revint le souvenir de doux matin où il s’était réveillé dans un lit douillet de l’auberge d’Alonn. Ceci lui semblait bien loin derrière lui. Pourtant il n’avait quitté le hameau que deux journées auparavant. La vision du paysage environnant le ramena bien vite dans le temps présent.

« - Merde, on y voit goutte avec ce brouillard… »

Les collines baignaient dans une nappe d’un gris sombre impénétrable du regard. Du moins au-delà de portée d’un arc court, même pour un œil avisé. Ethan se mit au diapason des conditions climatiques, devenant maussade. En finissant d’ harnacher son paquetage sur son dos, il repéra un chemin à travers les broussailles. Il s’y engagea pour descendre de la colline sur laquelle il avait trouvé refuge.

« - Plus vite parti, plus vite arrivé, en route mon vieux. »

Au début, ces membres raidis par les courbatures le fit grimacer de douleur. Puis peu à peu, ses muscles s’échauffant il se sentit plus à l’aise. Assez vite il parvint au pied d’une nouvelle colline tout aussi broussailleuse que celle qu’il quittait. La végétation et la mauvaise visibilité, l’obligea à s’arrêter. Le temps de trouver un passage praticable. Puis le trouvant, il reprit sa marche. Par moment durant la montée, il dut s’agripper aux buissons ou arbustes à sa portée. Ceci en regard la pente. Mais aussi d’un sol boueux, propre à se dérober sous le poids d’un homme sans crier gare. La matinée s’annonçait laborieuse. Il avait imaginé atteindre dans la matinée les collines herbeuses proches de Belerim. Parvenu au sommet sa conviction était tout autre. Il ne passerait les portes de la cité que tard dans la nuit.

« -Brume et Damnation ! Avec ma chance du jour, je vais devoir me rabattre sur un auberge minable des bas-fonds pour me trouver un lit où pieuter.»

La matinée fût morne, comme il l’avait pressenti. Sans cesse ce paysage de broussailles épineuses plongé dans le brouillard. Donnant à l’archer, la curieuse sensation d’être seul au monde. Non pas seul, mais coupé du monde. Un silence pesant. Qui ne fût troublé que par des croassements lointains, de temps à autre. Il avait marché d’un pas lourd, quasi mécanique. L’esprit tourné vers ce qui l’attendait dans la capitale du royaume. En partie tourné sur ce qu’il espérait y voir. Un joyau dont il avait perçu la splendeur au tout début de la guerre du Tournoi.

A ce qui lui semblait être le midi de la journée –car son ventre grognait- Ethan fit halte. Dans le fond d’un vallon où se trouvait un petit bosquet de jeunes hêtres. Réfugié assis sous l’un d’eux. A l’abri de la bruine grâce au concours du feuillage déjà dense de ces arbres. Il farfouilla dans son sac, puis en retira une étoffe de toile. Il la déplia avec précaution, révélant son contenu. Des lamelles de viandes séchées et salées. Elles étaient d’un aspect rouge gris. De la viande de chèvre. L’homme ne raffolait pas de ce type de viande. Cependant c’est tout ce qu’il avait. Hormis s’il sacrifiait une des carcasses présentes dans sa gibecière. Mais à cela, il ne pouvait se résoudre. Il se contenta donc de ces lamelles, en prenant trois sur les cinq restantes. Après avoir rangée l’étoffe dans le sac, il prit sa collation en essayant de faire le vide dans son esprit. Faire une pause, reprendre des forces, se détendre un peu. Il suivrait ce programme. Son corps le lui réclamait après la longue marche matinale.


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