#1 05-05-2009 13:23:56

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Carnet de route

3ème jour de la saison sèche, an 940.

Je reviens à Bélérim la puissante, capitale du royaume de Bélérim. Je n'aime pas cette ville. Trop grande, trop de gens, trop d'odeurs puissantes et surtout, trop de bruit... Là n'est pas mon élément, je ne suis pas fait pour ces cités jamais apaisées, malodorantes... Vivantes diraient certains, moi je dis qu'elles sont grouillantes et nauséabondes, tout comme des vers sur une carcasse toujours renouvellée par les nouveaux venus en son sein qu'elle berce d'illusions, de rêves et de faux-semblants.

Si celà ne tenait qu'à moi, je n'y mettrai pas les pieds. Mais malheureusement, les villages se font rares : avec les monstres sauvages, les habitants des contrées environnantes préfèrent se regrouper et plutôt que des hameaux à chaque lieue, on trouve des villages fortifiés tous les quelques miles. Les paysans se couchent tôt et leurs villages recèlent peu de commerces. Et l'homme des bois que je suis n'est pas un sauvage pour autant : les vêtements ne poussent pas sur les arbres pour qui veux se vêtir de manière efficace pour pouvoir affronter les tempêtes et les vents violents qui se déchaînent parfois en pleine contrée sauvage.

Le tanneur n'a pas voulu m'échanger ses cuirs contre mes peaux : trop vieilles ! Je ne lui donne pas tort : la dernière carcasse que j'ai dépecé était le cuir miteux d'un chien sauvage, vieux et pétri de graisse. Le temps que je rejoigne la cité et le quartier des artisans du cuir, le cuir s'était déjà trop abimé. Tant pis ! Je vais me refaire de quoi dormir quelques nuits à l'auberge et je rapartirais dans une semaine ou deux, le temps de prendre les nouvelles dernières et de me rééquiper pour mon prochain voyage...


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#2 07-05-2009 13:40:22

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Re: Carnet de route

7ème jour de la saison sèche, an 940.

La lune s'est levée, brune et immense dans le ciel étoilé de cette nuit magnifique. Mais l'air est froid, un froid doux et supportable, surtout lorsque l'on prend ses précautions. Une bonne couverture enroulée autour des épaules me protège de ce froid qui engourdirait mes membres sinon. Je remue tout de même mes poignets, l'engourdissement me gagnant malgré ma protection.

Tout autour de moi, le monde merveilleux de la nature et de son petit monde la nuit : criquets stridulents, gazouillis d'oiseaux nocturnes alors qu'ils sentent que le petit-jour se lèvera dans quelques heures, craquements de brindilles lors du passage des quelques grosses bêtes alentours...
L'oreille devient la nuit le premier sens du chasseur, bien plus que ne le sont ses yeux. Les yeux fermés, je me balance doucement, tâchant de ne pas trahir ma présence au milieu de ce petit monde. Ma proie n'est pas loin : j'ai pisté la trace de ce vieux blaireau jusqu'à son terrier. Il ne m'échappera pas une seconde fois, foi de rôdeur !

Un petit vent se lève mais je l'ai senti arriver : je me suis placé sous lui de manière à ce que le vieil ongulé ne découvre pas ma présence dès la sortie de son terrier. La nuit sera claire et sans nuage, belle et relativement clémente, un nuit idéale pour la fin de l'animal. Je ferai vite et il ne sentira rien. Un coup au coeur, à la tête et à la base de la nuque, et son corps tombera dans mes bras, pour le plus grand bonheur de mon estomac.
La viande sera peut-être un peu coriace au vu de l'âge de l'animal, mais le tanneur m'a assuré qu'il paierait bien plus cher pour des fourrures blanches ou gris-argent. Je ferai la fine bouche plus tard une fois l'argent empoché, en me payant un bon repas à l'auberge !

Dernière modification par Erkenbrand (07-05-2009 13:42:14)


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#3 10-05-2009 19:24:34

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Re: Carnet de route

13ème jour de la saison sèche, an 940.

Les rats m'entourent aujourd'hui. Ils semblent être doté d'un appétit insatiable autour de cette ville. Serait-ce la promiscuité de la cité qui leur permet de se reproduire avec tant de facilité ? Les homes ne comprendront décidément rien... La Nature n'est que cycle : si les hommes tentent de faire pencher la balance d'un coté, la Nature rétablira toujours l'équilibre d'une autre façon afin de compenser l'action de l'Homme. Je vais donc laisser les rats tranquilles, qu'ils soient le fléau qui ronge les vices et folies des habitants de cette cité !

Quant à moi, je me contenterai de rester le prédateur que je suis : tuer pour manger, se vêtir et se défendre. Telles devraient être les uniques raisons de s'en prendre à la Nature et à ses enfants ! Les cités des Hommes sont par là une aberration, dénaturant les régions où elles prospèrent, attirant à elles les ressources arrachées à d'autres lieux par des marchands avide de deniers comme un monstre tentaculaire qui tenterait de détruire tout ce qui l'entoure pour ne conserver que ce qu'il peut dominer et détruire...

Triste nature que celle d'être humain. Pourrais-je seulement trouver d'autres personnes qui penseraient comme moi pour faire cesser aux habitants de ce monde cette frénésie destructrice qui les a pris depuis le grand cataclysme ? A trop vouloir dominer, on en finit par provoquer les Dieux et la Nature et à finir sans rien ! Puissent les Dieux faire entendre raison à mes semblables avant qu'ils en provoquent un autre cataclysme !


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#4 12-05-2009 23:55:47

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Re: Carnet de route

17ème jour de la saison sèche, an 940.

Je suis fourbu. Las. Éteint. Il me faut à présent reprendre des forces en ville. Je me dirige vers le tanneur mais trouve porte close, il est trop tard et l'artisan est parti se coucher. Peut-être aurais-je plus de chance avec l'Antiquaire ? Je me méfie des voleurs, surtout à Bélérim : la cité regorge de malandrins prêts à tuer père ou mère pour une chopine, les deux pour une passe dans une maison close !

Je me hâte vers la porte du vieil homme intéressé par les vestiges de l'Ancien Temps. Ils m'ont toujours paru bizarre ces antiquaires... Que peuvent-ils donc bien faire de tous nos arkhanas ? C'est bien parce que moi-même je ne sais comment les utiliser que je les lui confie en échange d'une nouvelle relicarte. Je n'ai pas assez pour pouvoir l'activer mais sûrement que dans quelques jours, lorsque j'aurais repris des forces, je sentirais alors en moi cette sensation de puissance et d'émerveillement qui accompagne le flux magique !
J'ai choisi une relicarte de Perception cette fois : le vieux blaireau que j'avais perdu a certainement appris à ses rejetons le même tour de pendard qu'il m'avait joué : s'enterrer dans des gerbes de poussière et de projections afin de détourner le regard de son agresseur et, de ses pattes puissantes, creuser un échappatoire sous les pieds même de celui qui voulait sa peau !
Mais ses descendants ne m'échapperont plus maintenant que mes yeux sont prêts à s'aiguiser encore davantage...

En route donc ! Un petit passage chez le tanneur et je pourrais me payer une nuit à l'auberge pour me rafraichir et un bon repas pour me requinquer !


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#5 14-05-2009 00:31:39

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Re: Carnet de route

20ème jour de la saison sèche, an 940.

Diable d'homme ! Ses prix sont indécemment bas. Moi qui espérait pouvoir m'offrir un nouveau sac ou une chambre pour quelques jours, me voilà bien marron. Sept malheureux deniers... Est-ce là un prix pour une pelisse de cette qualité ? Franchement, les marchands de cette ville sont pourris par leurs richesses ! Cette cité vient de gagner à mon nez un nouveau fumet d'arnaque et d'indécence. Comment gagner sa vie honnêtement avec de tels prix ! Pas étonnant alors que les voleurs y foisonnent !

J'attrape le poignet d'un jeune tire-laine avant qu'il aille trop loin dans son geste vers ma bourse bien peu emplie.
"- Pas cette fois, mon garçon. Tu as certainement d'autres marchands bien plus aises à dévaliser qu'un pauvre homme des bois, tu ne crois pas ?"
Le jeune homme me regarde, la rage au ventre et un gargouillis dans son estomac, d'un regard vide sinon de désespoir. La misère gangrène son instinct comme sa raison, lui voilant la vision de pauvre hère que je devrais offrir à ses yeux bleu clair. A-t-il donc si faim qu'il me prenne pour un marchand ? Aurais-je l'air si repu et bedonnant que je passe pour un notable ou un usurier ? La fange de cette cité est donc vraiment la lie de ce monde semble-t-il...


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#6 15-05-2009 14:15:41

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Re: Carnet de route

23ème jour de la saison sèche, an 940.

Je suis reparti en chasse, cherchant de nouvelles peaux plus faciles à vendre à ce voleur de tanneur. J'avais aperçu les collines au sud et je me doutais que j'y trouverais quelque gibier. Entr'apercevant des ombres furtives, je me rapprochais d'un archer solitaire que j'avais aperçu et me signalais à son attention afin qu'il daigne ne point m'occire d'une erreur d'appréciation, et qu'il puisse également me défendre en cas d'attaque soudaine ou trop violente, protégeant mes arrières comme j'aurais protégé les siens.

C'est là que je tombais nez à nez avec un guerrier affrontant une rude chèvre des montagnes qui avait dû s'égarer. Je tâchais de l'épauler dans son combat contre l'ongulé mais le loupais à plusieurs reprises, souci que ne semblait pas partager mon compagnon. Je 'linterpellais alors par dessus le dos du monstre afin de décider de la meilleure manière d'abattre l'animal :

"- Ola, fier guerrier ! Profitez donc que je détourne son attention pour lui asséner quelque botte dont vous auriez le secret et terrassez la bête ! Mon ventre crie famine depuis plusieurs jours et j'ai là sauge et romarin pour préparer un râgout dont vous me direz des nouvelles ! "


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#7 18-05-2009 22:12:22

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Re: Carnet de route

29ème jour de la saison sèche, an 940.

La chèvre m'a presque tué. Mort machouillé, çà vous donne des frisons dans l'dos, quand on y réfléchit à deux fois... Moi qui me croyais invincible, je n'ai dû mon salut qu'à l'intervention de ce guerrier. De héros, je suis devenu bouffon comestible. D'un autre coté, mes bouffonneries ont semble-t-il détourné l'attention de l'ongulé suffisamment longtemps pour que le guerrier puise achever la bête : lorsque j'ai repris connaissance, j'étais seul et évanoui, le dos contre un rocher rencontré inopinément quelques heures auparavant suite à vol plané à l'atterrissage plus qu'abrupt, tant encore à la main quelques crins angora, derniers vestiges e la carcasse emportée par mon "sauveur".

Cahin-caha, je m'en décidais donc de retourner me soigner en ville. Les collines sont encore trop dangereuses pour moi et je ne puis m'y aventurer seul, pas tant que je ne me serai pas endurci davantage. Peut-être devrais-je me joindre à cette bande d'aventuriers imbus de quête insensées et de chasse sauvages ? Pourquoi pas... Cette Azelnia n'a pas l'air pire qu'une autre et au mions elle ne m'abandonnera peut-être pas comme l'autre guerrier...


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#8 22-05-2009 11:24:31

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Re: Carnet de route

36ème jour de la saison sèche, an 940.

J'ai décidé de faire des frais afin de me soigner plus vite. J'avais prévu de les garder pour une nouvelle arme mais là, çà devient intenable. Hier encore, j'ai craché du sang. Je me remets difficilement du coup de corne de cette vieille bique ! Décidé et résolu, j'ai donc choisi d'abandonner une part de mes maigres ressources à l'apothicaire afin qu'il applique sur ma blessure infectée un cataplasme d'herbes qui me guériront plus vite.
Ce damné marchand m'a pris pour cher lui aussi ! Les marchands de Bélérim se sont donc-t-ils tous donné le mot pour me prendre mes économies ? Il va falloir que je fasse quelque chose pour déjouer leur baratin et leurs tours de pendards si je veux pouvoir gagner un peu plus que de quoi manger et me soigner...

J'ai passé quelques jours de repos dans ma chambrette à l'hôtel. Azelnia est venue me voir et m'a convaincu de finalement se joindre à leur groupe d'aventuriers afin de leur servir de guide. Ses compagnons ont encore quelques tâches à terminer et emplettes à faire mais moi, je n'ai plus d'argent et je me tourne les pouces dans cette chambre d'auberge trop petite. Chaque fois que je me réveille, j'ai l'impression d'être écrasé par les quatre murs trop proches. L'air est pesant, l'obscurité omniprésente combat la maigre lumière qui peine à s'introduire dans la pièce par le vasistas trop petit et les bruits nocturnes sont bien trop inhabituels pour un homme des bois comme moi !

Aussi, lorsque je reçois un holoring de deux de mes nouveaux compagnons, qui sont partis en avant et chassent non loin de la cité, je solde mes comptes à l'aubergiste et jette mon paquetage sur le dos afin de les rejoindre au plus vite. Fini cette ville puante et malsaine ! A moi les senteurs embaumantes de la nature, les doux flutiaux de ses oiseaux au ramage éclatant et le calme d'une activité discrète et feutrée des habitants de la campagne...


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#9 26-05-2009 20:50:43

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Re: Carnet de route

45ème jour de la saison sèche, an 940.

Les fous ! Partis comme ils étaient, ils se sont attaqués à une meute de chats sauvages. Un peu surpris, j'ai tenté ma chance mais avec grand mal ! Même si moi-même je parviens à esquiver leurs courtes pattes, ces félins agressifs sont encore plus agiles que moi pour éviter les coups ! J'ai bataillé toute la journée durant mais pas moyen d'en toucher plus d'un, et encore, pas plus d'une fois, le diable s'étant esquivé à mon premier frôlement de lame !

Blessé, celui-là a poussé un miaulement à fendre l'âme et aussitôt, ses cinq compagnons se sont jetés sur mon dos, griffant et crachant comme autant de démons sortis des entrailles de la terre ! Saignant et boitant, j'ai dû reculer et m'enfuir dans les broussailles bordant le chemin, laissant à mes compagnons le soin de détruire ces félins félidés, artisans de mon malheur. Avalant en hâte un sandwich préparé la veille de mon départ, je me décidais à regagner quelques forces et à abattre quelques uns de ces rats qui hantent les alentours de Bélérim afin de me pourvoir d'une relicarte de dextérité.

Ces diables moustachus ne font pas faire les malins très longtemps ! Ils sentiront bientôt le froid de ma lame leur tailler des croupières !


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#10 28-05-2009 00:11:32

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Re: Carnet de route

48ème jour de la saison sèche, an 940.

La ville, enfin ! Je n'aurais jamais cru m'entendre dire çà, mais dans mon état, c'est tout ce à quoi mon corps peut penser, quand bien même ma raison lui crie le contraire : "éloigne-toi, fuis cette créature tentaculaire siège du vice et de l'égarement des hommes !" Mais je suis blessé et mes blessures ne se refermeront pas sans l'aide d'un médecin. Pourquoi n'ai-je pas écouté mon père qui me conseillait d'aller étudier chez ce vieux fou d'herboriste ? J'aurais peut-être pu alors confectionner quelque cataplasme d'herbes ou un emplatre afin de me soulager en dehors de cette grande entité sournoise et malodorante.

Mais les murailles se profilent à l'horizon et bientôt le jour tombera. Il me faut atteindre les portes avant la fin du jour si je veux être accueilli par l'un des maîtres qui hantent cet endroit de perdition. Hâtons-nous. Avant que les chats ne retrouvent ma trace en suivant la trace de sang que je traine depuis notre accrochage. J'espère que les autres vont bien...


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#11 02-06-2009 21:44:56

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Re: Carnet de route

54ème jour de la saison sèche, an 940.

Je suis las... Mes plaies tardent à se refermer, ma bourse vide ne pouvant plus payer l'apothicaire afin que ses poudres de perlimpinpin lui rendent la force qui m'a abandonnée depuis notre algarade avec les chats. Je me repose tranquillement, trop tranquillement. Le moindre de mes gestes est fatiguant, harassant... Je sombre plusieurs fois par jour dans une profonde léthargie, semi-coma peuplé de rêves étranges. Aurais-je contracté une maladie quelconque ? Se pourrait-il que je sois malade, une allergie, une infection, que sais-je... Un poison secrété par la bave de ces félins maudits ? Je... Je... RONFLLLL...


58ème jour de la saison sèche, an 940.

J'ai enfin réussi à tenir plus de quelques heures debout aujourd'hui, preuve s'il en est que mon corps est en train de vaincre cette étrange torpeur maladive qui me gangrénait et m'abattait sans vergogne, m'empêchant de faire quoi que ce soit. Je me suis rendu chez le tanneur. A pied. En plusieurs fois. J'ai l'impression que depuis ma dernière visite, il y a de plus en plus de bruits, de couleurs, de mouvement, d'agitation... Cette cité m'affole et me déroute chaque jour davantage !

Dans la boutique du tanneur cependant, le ressac de la foule se calme et se feutre, atténué par les rabats de tissu et les nombreux cuirs qui pendent alentours, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'échoppe. Monnayant tant bien que mal, je parviens à négocier le prix de mes peaux. Rien de formidable, surtout avec ce que je dois à l'usurier pour mes soins, mais cela me permet tout de même d'acheter tout juste une besace un peu plus grande, de manière à pouvoir revenir en ville avec davantage de peaux la prochaine fois. Ainsi, je n'aurais pas à subir les assauts de cette agitation continuelle et insidieuse qui sape mon moral et mes forces.

Peut-être la prochaine fois une de ces jolies armures de cuir qui me font de l'œil depuis la première fois que je m'aventurais ici ? Ou un sac plus grand, pou y déposer davantage d'affaires ? Ou encore une bourse plus généreuse, afin d'y ranger l'argent que je souhaiterai mettre de coté avant d'acheter cette armure ? Il va falloir que je réfléchisse longuement à mon prochain achat, il y a vraiment trop de choses à posséder en ce bas-monde...


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#12 07-06-2009 23:50:52

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Re: Carnet de route

9ème jour de la saison des pluies, an 940.

Le jour des semences... Mwé... Aucun paysan à l'horizon : les lourds nuages noirs n'abusent personne et il n'est pas besoin d'être un sage ou un érudit pour savoir que c'est gage d'orage. Point de semences en ce jour, cela est certain !
Demain par contre sera justement un jour propice à ces derniers : le sol sera rendu meuble par la pluie et les socs n'auront aucun mal à l'éventrer, traçant de longs sillons dans son flanc attendri par l'onde céleste.

La terre boit après la longue saison sèche. L'herbe pousse à nouveau drue, formant de larges édredons aux collines qui m'entourent. Les arbres reverdissent au loin et c'est avec plaisir que je m'aventure sous leur couvert. J'ai perdu mon groupe d'aventuriers mais je sais que je les retrouverais bientôt : le temps de tuer quelques proies afin de récupérer la relicarte de dextérité qui me fait défaut et je pourrais enfin les rejoindre pour affronter les agiles félins qui m'ont tant meurtri dans ma chair que dans mon âme.
Ces monstres sont si agiles... Mais reprenons nos esprits : les oiseaux se sont tûs, ils ont senti ma présence et mes songes tourmentés. Je me laisse aller quelques minutes afin de me calmer et aussitôt, un coucou lance son cri. Suivi d'un pinson. Enfin, un écureuil passe non loin de moi. Je suis apaisé et en accord avec la Nature, plutôt que d'être un intrus en son sein comme tant de chasseurs...

Je m'accroupis et rampe ou avance à croupetons sur quelques centaines de pas, guettant ma proie qui broute quelque buisson, imprudemment insouciant du silence qui régnait il y a quelques minutes encore dans les sous-bois...


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#13 08-06-2009 21:52:53

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Re: Carnet de route

11ème jour de la saison des pluies, an 940.

Je m'approche de la chèvre. Cette fois, je sais comment m'y prendre, je ne me cacherais plus derrière des guerriers ! Ma proie avance petit à petit dans mon piège, broutant les baies que j'ai disposées de sorte à l'amener vers ma cachette. Du haut de cette branche je guette, immobile, impassible depuis de si longues heures. Cette maudite carne aura pris son temps avant de tomber sur la piste que j'avais tracé à son intention ! Mais çà y est : le piège se referme tout doucement, bientôt je vais pouvoir me laisser tomber sur son dos, bientôt, bientôt... bientôt...

Maintenant !!!

Je me laisse couler sans un bruit sur son dos et plante mon coutelas de chasse dans le flanc de la bête. Je cherche la jugulaire mais les poils drus de l'animal dévient ma lame et je ne parviens qu'à lui entailler l'épaule. Derechef, je replante ma lame, dans le dos cette fois, faute de pouvoir mieux viser la tête, le caprin ruant des quatre fers et tentant de me larder de coup de cornes.
Aïe ! La surprise me fait presque lâcher mon arme : la bête m'a sérieusement entaillé le bras. Je reprends mon souffle, tentant de dompter la bête. Je lui assène encore deux autres coups, entre deux ruades, manquant presque d'être désarçonné entre les deux ! Je sens l'animal faiblir, il sent la mort venir à lui...

Il titube, il boite, il n'a plus qu'une patte... Je me laisse glisser le long du flanc du monstre, prêt à lui asséner le coup de grâce de face, qu'il puisse au moins voir une fois quel prédateur l'aura tué. Je lève alors ma lame et, alors que je vais l'abaisser pour l'achever, la chèvre ouvre la gueule et émet un bêlement distinct :

"- Dans tes rêhêêhêêhêves, Conahahahard !" Et elle fonce sur moi, la tête la première, cornes abaissées et vitalité retrouvée !


"Haaaa ! " Je me réveille brusquement, la tête lourde et douloureuse. Autour de moi, il fait nuit. Un cauchemar, un foutu cauchemar... Franchement, qui aurait pu croire qu'une chèvre parlerait, qui plus est pour me déblatérer des injures à la face... Faudra que je retienne le coup des baies de mon rêve tout de même, çà pourrait sans doute marcher. Comment ai-je pu rêver de çà ? Aurais-je entendu quelqu'un parler de çà à l'auberge ? Peut-être que...

Hé ! Mais ce n'était pas un rêve ! Je touche mon front et les bandages de fortune qui le ceignent, les croutes de sang séché sur mon avant-bras et la balafre douloureuse qu'as reçu mon estomac. Tu parles d'un cauchemar, oui ! Je me suis pris une dérouillée par cet animal stupide ! Stupide, que dis-je, c'est moi l'animal stupide ! Non mais ho ! Ça ne va pas se passer comme çà !!!
Descendant les marches de l'auberge, j'aperçois un client à la mine patibulaire que j'ai entr'aperçu quelques jours plus tôt. Tapi dans le coin de la pièce comme une araignée attendant ses proies, il reçoit tel un roi sa cour de mendiants et de clients qui viennent lui quémander leur dose de Mokar. Le Mokar, cette drogue qui vous rend surpuissant mais à long terme, si impuissant à lui résister...

Ma décision est prise, j'aurai ma vengeance ! Au bout de quelques minutes de discussions acharnées, je repars avec le breuvage dans mon sac. La nuit tombe et j'ai dormi toute la journée, mais il n'est pas trop tard pour remonter la trace de ma proie. Avec les dernières lueurs du soleil, je retrouve le lieu du combat. Du sang séché et des touffes de poils agglomérés parsèment les environs et il ne m'est pas difficile de pister l'animal tremblant jusqu'à une petite source.
Là, je le regarde dans les yeux et, aidé par la puissance de la drogue, je lui dit d'un air bizarre, la voix déformée par la colère et la drogue : "A la prochaine, monstre, le jour où nous nous reverrons, je serai encore plus puissant et tu apprendras à craindre la toute-puissance de la magie qui t'a créée...".

La lame s'abat...
La bête tombe...
La vengeance est consommée...


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#14 17-06-2009 23:16:11

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Re: Carnet de route

29ème jour de la saison des pluies, an 940.

Le Mokar... Je savais que je devais m'en méfier. Il m'a servi mais m'a également pris en traître lorsque je ne m'y attendais pas : sitôt la nuit tombée, alors que je me régalais d'un succulent cuissot de chèvre grillée, j'ai été pris de vertiges et je suis tombé. Le feu qui coulait dans mes veines m'a fait vivre une souffrance indicible pendant plusieurs heures, jusqu'à ce que ma volonté m'abandonne et que mes souvenirs s'effacent. Les cauchemars ont alors remplacé les souvenirs et j'ai revécu des aventures oubliées et inconnues qui m'ont entrainées aux confins de la folie, de l'abime où ma raison seule m'a évité de basculer à jamais.
J'ai vu des monstres hideux et des aberrations immondes qui grouillaient dans les bois et le désert, créatures issues des tempêtes alchimiques dévastatrices qui n'ont pour but de vous tendre des pièges et de vous arracher les membres. J'ai vu des morts marcher sur moi et me dévorer vivant, consommant ma chair et mes organes sous mes yeux terrorisés. J'ai enduré les tempêtes alchimiques qui ravagent chair et minéraux avec la même aisance, mutant ceux-ci si finement et grotesquement que cela en devient absurde.  Mille morts et mille renaissances toutes plus douloureuses les unes que les autres !

J'ai vu tout ce là et je suis revenu à moi.

J'avais mal... Très mal... J'étais dans un état encore pire que lors de ma déconvenue contre la super-chèvre, c'est pour dire ! Incapable de bouger pendant plusieurs jours, je plongeais régulièrement dans des comas vaseux ou même la mort me paraissait souhaitable. Au bout de quelques jours, je parvins à m'asseoir et à me sustenter seul. Et quand je dis sustenter, je parle de soupe et de pain trempé : j'étais si faible que même mes mâchoires renâclaient à mâcher et ma pomme d'Adam à déglutir...
Je repris des forces, jour après jour puis, après être resté presque trois semaines aux bons soins d'un couple de paysans que j'avais régalé de mes économies et de quelques peaux encore suffisamment bien conservées, je reprenais mon paquetage, mon couteau et ma cape et m'en fut au nord, afin de retrouver quelques compagnons.

Suivant les quelques indications qu'ils m'avaient donné, je pris la route du nord et, parvenant au grand virage, j'abandonnais la route pour me plonger dans une forêt sombre et profonde. Les oiseaux s'arrêtaient parfois de chanter et alors je me cachais : je savais qu'un chasseur moins habile ou un animal dangereux passait. Pas encore complètement remis de mes malheurs, je me montrais prudent.
Excessivement, auraient dit certains mais lorsque l'on constate le destin qui me fut affligé, je les défie de se montrer moins prudent que je ne le fus en partageant celui-ci. Las, je préférais laisser passer la menace et un éventuel repas plutôt que de tenter le sort et de tomber, à défaut d'un cuissot sur patte, sur un os...

Cependant, une fois n'est pas coutume, je me préparais à attaquer une proie. Une corneille bien dodue qui n'attendait que ma venue pour calmer la faim qui tiraillait mon estomac depuis quelques jours. J'étais en observation depuis quelques temps lorsque je sentis des griffes lacérer mon flanc : un chat sauvage !!!
Ce fieffé félin avait profité du fait que mon attention était focalisée sur la corneille pour se glisser dans mon dos et fondre depuis les branches hautes dominant mon affut sur mon dos. Je gesticulais maladroitement et tentais de lui porter un coup mais sans grand succès. Mon agresseur se laissant choir au sol, je tentais une feinte par la gauche mais une fois de plus, il esquiva ma lame.
Pris entre deux feux (la corneille s'étant bien sûr invitée à la curée), je n'eus d'autre ressource que de fuir devant ces bêtes sauvages. Damnés monstres ! Un jour viendra où je ne vous craindrais plus et où c'est vous qui vous enfuirez !


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#15 24-06-2009 13:13:39

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Re: Carnet de route

42ème jour de la saison des pluies, an 940.

La pluie tombe... Trois semaines déjà...

D'abord, celà a été quelques orages. Des averses aussi brèves que violentes, qui détrempent le sol brièvement, celui-ci buvant comme un assoifé cette manne divine puis se recraquelant quelques heures après seulement, alors que le soleil reprend la place des nuages passagers.
Puis les nuages ont entamé leur conquête du ciel. Tels les ancêtres du roi de Bélérim, ils ont grignoté toujours plus d'espace dan le ciel, les lourds nuages gris remplaçant les noirs menaçants, passant paresseusement sans pour autant larguer leur cargaison comme leurs sombres prédescesseurs, préférant occuper l'espace conquis plutôt que de déverser leur fureur céleste.

Le temps fraichit. Sans soleil pour les abreuver, les fleurs se cachent, comme les Hommes, qui se réfugient bien au chaud dans les tavernes et désertent les champs et les forêts d'abattage. Les animaux se réfugient eux-aussi dans les grottes et les terriers, la nature se vide, seuls quelques monstres avides de nourriture fraiche s'aventurent encore dans les campagnes, au grand dam des chasseurs qui rentrent bredouilles et transis jusqu'à l'os.

Puis les cieux ont crevé. Les lourds nuages gris se sont accumulés et ont fini par vomir leur pluie drue et fine, cette pluie qui perce tout vêtement, qui imbibe l'atmosphère même dans les lieux abrités. La seule protection contre cette humidité qui fait pourrir le pain et les provisions, c'est le sel ou un bon feu. Mais comment faire du feu avec du bois mouillé ? Seuls les plus prévoyants auront constitué leurs réserves de bois, les cigales devront quant à elles se contenter de feu poussif et enfumants.
Dehors, les pluies fracassent le sol et emportent avec elles la terre déséchée par la saison sèche précédente. De brefs torrents de boue se forment, emportant parfois un blaireau malheureux ou une corneille perchée sur un arbre aux racines trop faibles pour garder son ancrage dans ces coulées mortelles.

Je suis rentré moi aussi en ville. Les chats sauvages se sont cachés et je n'ai de toutes façons pas le coeur à leur courir après dans cette forêt trop détrempée pour garder une trace plus de quelques heures. Je suis rentré me mettre bien au chaud, dans une des auberges de la grande ville. La pluie a au moins çà de bon qu'elle balaie les ordures et estompe les odeurs...
Je tente désespérement de ressemeler mes bottes mais celles-ci sont définitivement usées jusqu'à la trogne. Je les jette sur un tas d'immondices, sans doute les rats les auront-ils mangées avant la nuit... J'enveloppe mes pieds dans des étoffes bitumées lacées de quelques cordons de cuir en attendant de pouvoir m'en rachter de neuves. Je me concentre sur mon couteau : la saison l'a bien émoussé mais il est encore sauvable.

J'ai acheté une pierre à aiguiser, je sais maintenant comment je vais occuper mon temps libre : à me préparer pour la prochaine saison de chasse...


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#16 30-06-2009 21:33:13

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Re: Carnet de route

55ème jour de la saison des pluies, an 940.

La saison des pluies arrive à sa fin. Déjà, les orages se font plus courts, les averses moins drues. Le soleil sort parfois suffisamment longtemps pour que le sol sèche par endroits. Si la saison des pluies a été aussi forte, alors la saison maudite s'annonce florissante et regorgera d'insectes de tout acabit, et de là, mes différentes proies, nombreuses.
Je n'en peux plus : toute la saison a tourner en rond dans cette ville puante, à courir après un ou deux bandits pour pouvoir subsister dignement sans mendier ni voler, à écouter les récits des soiffards et des ivrognes à la Taverne...

Heureusement, tous ne sont pas fait du même bois. J'ai ainsi rencontré une charmante damoiselle répondant au doux nom de Thèmis. Nous avons discuté plusieurs soirs d'affilée et j'ai eu le loisir de partager sa couche un soir de beuverie monumentale, même si je crains qu'elle ne se souvienne pas m'avoir entrainé presque de force dans cette grange humide. Là, nous avons fait sécher nos vêtements trempés par l'ondée nocturne et avons partagé quelques moments langoureux et passionnés.
Et quelle furie dans ces moments là ! Elle qui est si calme et posée, même si parfois un peu espiègle, elle m'a surpris comme certains animaux, qui cachent sous leur apparence anodine et pataude le fauve preste et souple. Et quelle énergie ! Mes reins souffrent encore de la marque de ses ongles, que dis-je ? De ses griffes, oui ! Au petit matin, j'ai dû laissé ma compagne de beuverie cuver son hydrmel alors que e m'en allais quérir quelque emplâtre auprès de l'apothicaire local.

Mais à présent, nous nous sommes quittés. Trop à l'étroit dans la cité, je me suis aventuré hors de ses murs à la faveur d'une accalmie et je suis reparti dans les collines chasser la chèvre. J'ai une dent contre ces bestiaux. Certains y voient des animaux doux et paisibles, certains même racontent le soir au coin du bar quelque histoire sur un voyageur solitaire en manque de femme qui aurait pris plaisir avec nu de ces animaux... Mais je suis loin de faire partie de cette engeance : moi les chèvres, c'est égorgées qu'il me les faut ! Une femme dans ton lit et une chèvre au bout de ta lame, et pas l'inverse !

Je m'en vais donc chasser, reprenant mon couteau presque aussi neuf qu'avant la dernière saison et le cœur léger de toutes les nouvelles rencontres que j'ai pu faire lors de cette saison pluvieuse, mais seulement hors les toits !


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#17 08-07-2009 18:11:50

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Re: Carnet de route

11ème jour de la saison maudite, an 940.

J'ai comme des absences depuis plusieurs jours, comme si mon esprit vagabondait par monts et par vaux. Cela dure parfois plusieurs jours semble-t-il, alors que la situation ne le permet pas vraiment : à peine revenu d'une première chasse à la chèvre en solo, blessé mais heureux d'avoir pu cette fois accomplir cette épreuve par moi-même, je fus surpris devant le perron de l'apothicaire par ces bestioles purulentes.

Étonné et fatigué, je me contentais dans un premier temps de les observer. Se pourrait-il que des rats qui auraient échappés aux chasseurs de l'année dernière aient été tant corrompus qu'on ne reconnaissent plus là les rongeurs issus il y a pourtant si peu de leurs cousins des champs ? Mais non, comme je le constatait par moi-même, puis par de nombreux clients de l'apothicaire, ces monstruosités s'en prenaient à tous et propageiant le pire des fléaux connus : la Peste !!!

Moi qui passait par là, j'étais grand malheureux dans ma chance : sur le perron du seul apothicaire de Bélérim, je ne pouvais en effet rien lui acheter, n'ayant aucun denier en poche et pour toute marchandise qu'une peau de chèvre, fort odoriférante au demeurant, que l'homme de l'Art ne souhaita m'échanger pour rien au monde (et combien je le comprends !). Il me fallait donc trouver le tanneur le plus proche pour revendre ma peau et ainsi empocher les quelques deniers qui me permettront (je l'espère !) d'acheter à un prix raisonnable le Thériaque, si tant est que l'apothicaire ne voie pas là occasion de faire grimer ses prix en tant qu'unique revendeur de cet élixir permettant de se prémunir des effets désagréables de la peste !

Mais bon, encore faut-il franchir la marée de vermines suintante qui parsème les rues et espaces de la cité infâme....


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#18 22-07-2009 10:10:36

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Re: Carnet de route

38ème jour de la saison maudite, an 940.

J'ai pris un long repos. Repos entrecoupé par les combats contre l'invasion des pestules qui ont submergé la Cité. Non pas que je veuille défendre cette égérie de la corruption mais ces aberrations s'en prennent à tous, corrompus comme innocents, riches comme pauvres. Et même si je ne partage pas la voie qu'ont empruntés bon nombre de mes congénères, je ne laisserai pas le chaos revenir parmi nous comme aux temps de jadis, où les monstruosités sans noms créées par le cataclysme ravageaient les contrées et décimaient les orphelins de la Magie.

J'ai donc pris les armes, moi aussi, malgré mes blessures nombreuses et mes longs moments d'absence. J'ai été mordu mais je suis parvenu à contenir la maladie et ai repris du poil de la bête, me battant au cotés de mes nouveaux frères afin que les honneurs rejaillissent sur notre Capitaine, Umaro, qui est comme un frère pour moi.
J'espère de tout coeur que par nos faits d'armes le roi saura nous recevoir et nous accueillir comme il se doit, notre futur en dépends fortement : saurions-nous nous faire engager à Bélérim, nous bénéficierions d'un camp établi afin de faire renaître comme il se doit la Compagnie. Les corbeaux flotteront alors à nos bannières comme ils le faisaient autrefois et j'ose espérer que ce premier pas sera suivis des nombreux autres nécessaires à l'achèvement de nos destinées communes...


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#19 03-08-2009 09:57:24

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Re: Carnet de route

2ème jour de la saison sèche, an 941.

La saison sèche vient de reprendre depuis quelques jours et déjà l'on sent les vents changer : la pluie et la fraicheur qu'ils charriaient il y a peu sont maintenant rares, voire absents. L'herbe est encore haute et verte mais d'ici peu, elle commencera à subir les avanies de la saison sèche. Elle se flétrira et se raccornira, telle une vieille femme qui subit l'avancée du temps.
Dans quelques semaines, elle sera jaune et brune, cassante et bruyante, rendant la chasse encore plus aisée par les petits bruits bien plus distincts du passage des animaux que lorsque ces mêmes herbes vertes les enveloppaient et les caressaient soyeusement et sans un bruit. Ma saison préférée...

Après l'épisode des pestules, je suis reparti dehors. L'attente n'a que trop duré, il est à présent temps pour moi de me remettre en chasse ! Notre coterie n'a que faire des faibles et des tires-au-flanc, il va me falloir montrer au capitaine comme aux autres que je suis un garde à part entière. Une gibecière bien pleine pour le lardoir de la compagnie saura démontrer mon utilité et que je sais tenir ma place...

Dernière modification par Erkenbrand (03-08-2009 10:28:48)


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#20 10-08-2009 16:32:30

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Re: Carnet de route

17ème jour de la saison sèche, AN 941

Jour des âmes... Il y a des jours où je ne comprends pas ce que les Anciens avaient dans la tête pour nommer ainsi chaque jour de l'année. Y'a-t-il un lien avec nous ou est-ce pure affabulation comme pour les constellations ? Quel est le lien entre ces noms et notre monde... Le saurons-nous jamais ?

Voila que je radote et que je rêve éveillé maintenant ! Bon, c'est pas tout çà mais ce n'est certainement pas ainsi que je retrouverai la trace des gens de ma côterie ! La piste est froide depuis un bon moment : aux dires du tavernier, le vieux Quintilius est parti chercher Umaro il y a plusieurs jours de cela déjà. Et vu mes talents de pisteur, c'est pas gagné surtout avec l'averse, tardive pour la saison, qui me tombe dessus en ce moment...
L'eau coule sur mes épaules et me mouille le bras là où le chat sauvage m'a labouré l'épaule. Heureusement pour moi, il n'a fait que m'égratigner. Ces sales bêtes sont bien plus dangereuses en nombre, quand elles chassent de concert, j'ai pu l'apprendre l'année dernière à mes dépends !

Mais revenons à nos moutons : quelle route suivre, quelle sente emprunter, pour retrouver mes deux compères... ?


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#21 16-08-2009 04:06:00

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Re: Carnet de route

28ème jour de la saison sèche, an 941

J'ai erré longtemps dans la forêt sans retrouver mes compagnons. Et j'y ai croisé pourtant bien plus d'une sente ou d'un chemin oublié, chacun marqué de la patte d'un félin ou des trainées de boue de marcassins. Mais d'être humain, nulle trace ! Me serais-je aventuré en contrée inconnue ? Je me faufile dans la végétation pas trop dense, avec une agilité qui n'a d'égale que le plaisir de pouvoir être loin de la cité et de ses odeurs, son bruit incessant et ses miasmes de corruption et de jeux de pouvoir entre factions...

Je remonte assez loin vers l'est mais ne voit toujours rien. Après deux jours à ce rythme, je décide de sortir de la sylve et de rejoindre la plaine que je sais s'étendre jusqu'à Bélérim. Le tournoi approche et je sais que le capitaine nous veut tous sur le coup d'ici à ce que les notables des autres cités arrivent ! Mais bon, quelque part, je ne m'affole pas : je doute que le roi et le prince d'Anton prenne la peine de se déplacer sans une garde conséquente et que notre présence sur place servira d'avantage à décourager les tire-laines que d'assurer la protection royale !
C'est donc d'un pas nonchalant que je sors des sous-bois et m'aventure dans la verte plaine, qui commence à prendre quelques teintes brunes avec le soleil chaque jour plus chaud et plus éclatant. Au loin, je vois de grosses bestioles batifoler dans les prés. Qu'est-ce donc ? Je me rapproche et tombe nez à nez avec une meute de chiens sauvages ! Après quelques mouvements davantage destinés à les effrayer et à les chasser, je me rends compte que j'ai le dessous et m'enfuis à travers la meute ! Je me rapproche de la masse que j'avais aperçu plus tôt et constate qu'il s'agit là d'un cheval sauvage, un majestueux étalon alezan.
Rassuré, je me dis qu'il ferait sans doute une bonne monture afin de mettre un peu plus de distance entre moi et la meute mais le vil canasson me mord et me décoche une ruade qui me fait verser dans un fossé abandonné ! Je me réveille, quelques heures plus tard, un imposant bandage sur la tête et la poitrine en feu : des paysans de Serdun m'ont trouvé et soigné chez eux, aussi je leur donne le fond de ma bourse, quelques piécettes ayant échappé à ma mésaventure avec le fielleux équin. Mais où suis-je donc ? Après avoir senti le vent, observé le soleil et humé l'air, j'en déduis que je ne suis pas si loin que cela de Bélérim.
La nuit venue, j'aperçois en effet les lumières de la cité briller sous le ventre des lourds nuages noirs qui passent sans éclater pour autant au fin fond de l'horizon. Demain, je me mettrais en route pour rentrer...


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#22 18-09-2009 22:06:01

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Re: Carnet de route

35ème jour de la saison des pluies, an 941

Les pluies sont revenues, pleurer sur les morts dont le sang versé pour une querelle royale si pleine de venin que le pus dégorgea sitôt l'abcès crevé. Peut-on parler de fraternité entre peuples lorsque ces peuples se sont opposés tantôt l'arme à la main ? La rancune est comme la mauvaise graine : elle porte en elle les cendres de son renouveau et sitôt terrain fertile trouvé, elle éclot, plongeant ses racines à nouveau dans la terre fraîche et répandant ses rejetons sitôt le sang versé, prête à éclore quelques jours plus tard, années suivantes, siècles à venir...

J'ai vu les combats, j'ai tué moi aussi pour défendre ma vie. Mes compagnons ont goûté eux aussi aux larmes des frères tombés, nous qui nous sommes battus pour une cause pas encore épousée. Nous avons goûté à l'amertume de la jalousie des fâcheux et au venin des médisants qui, pour ne pas avoir su jouer une main misérable, trainèrent notre nom dans la boue devant celui-là même que nous nous tâchons de servir. Et n'est-il pas feu de plaine plus dangereux que celui qui commence avec une escarbille de foyer sur l'herbe sèche ?
Des mots furent dits, des mots blessants et vexants. Des noms furent appris, des noms aux consonances de serpent. Des coups furent encaissés, coups pour la plupart rendus mais d'autres mis de coté jusqu'au bon moment. La Garde Franche est une et indivisible. Les frères seront vengés, les torts payés.
La paix est maintenant revenue, fragile œuvre de papier sous le déluge de l'ire des habitants des deux nations. Les diplomates sauront-ils calmer cette pluie torrentielle qui, telle la pluie qui coule continuellement devant mes yeux depuis trois jours, détrempe les sols et flétrit les plantes les plus fragiles ? Je prie mes aïeux pour que la guerre ne gagne pas tout le continent et pour que les diplomates trouvent les mots qui calment les esprits et apaisent les cœurs...

En attendant, je me rapproche de ce désert et déjà, je ressens la chaleur malgré la pluie. Les nuages se font plus épars... Avec un peu de chance, je finirais la saison sans être trop mouillé...


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#23 27-09-2009 23:15:33

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Re: Carnet de route

53ème jour de la saison des pluies, an 941

Le désert à perte de vue...

Les puissants félins qui le parcourent et se cachent d'ombre en ombre...

La soif, la faim, la fatigue...

Une ombre dans le coin de mon œil... Un mouvement soudain, un choc ! Un feulement et puis l'inconscience...


Le tigre ne m'a pas raté. J'ai mis plusieurs jours à m'en remettre, pansé par Azelnia à l'auberge du village minier. Un village pas tout à fait si inconnu que cela car celui-là même où Brutus enlevât la fiancée d'Uther... J'ai pu parfaire ma connaissance des lieux, tout comme j'ai appris davantage sur moi-même et sur ma charmante sœur à la poigne d'acier mais aux doigts de velours, tout comme elle a pu découvrir que sous les oripeaux crasseux du vagabond se cache un corps puissant et musclé.
J'ai repris ma route sans elle, non sans regret toutefois : cette période de calme m'a permis de réfléchir à mon futur, et les dernières rumeurs du procès de Calligus Roaney qui s'éternise et des affaires dans lesquelles notre trésorier Quintilius s'est fourvoyé m'ont beaucoup fait réfléchir.
Ma voie m'apparait beaucoup plus clairement à présent et il faut que je rejoigne mes compagnons pour leur faire part du futur que j'ai vu en rêve...


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#24 26-10-2009 09:26:30

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Re: Carnet de route

50ème jour de la saison maudite, an 941

Je suis fatigué...
Les hurlements des cabots et des cabotins à la nuit tombée est des plus éreintants : leurs cris font penser à des rires démoniaques en cette saison où la nuit même semble envoûtée. Il est difficile de trouver le sommeil, même pour un homme des bois comme moi. Les chiens me poursuivent constamment, je suis forcé de les éviter en faisant tours et détours car, par deux fois j'y ai failli laisser ma peau. Je dois nettoyer et panser régulièrement mes plaies afin d'éviter que celles-ci ne s'infectent, leur bave n'étant heureusement pas des plus dangereuses, mis quand même...

Ma gibecière est pleine à présent, il me faut rentrer. Tout comme il me faut rejoindre mes frères à Bélérim, où l'avenir de la côterie va se décider. Saurons-nous nous remettre des derniers coups senestres du sort ? Nous n'avons que trop peiné pour nous arrêter maintenant ! De nombreux frères se sont installés en ville, des petites familles commençant même à se former. La Garde Franche s'encroûte, vieillit, pourrit. Il nous faut du sang neuf ! De l'action ! Des combats !
J'en viens presque à regretter que la guerre n'aie pas eu lieu. Si seulement elle avait pu toucher un autre royaume que Bélérim, nous aurions fait nos choux gras de celle-ci...

Allons-y à présent !

Je bourre dans ma gibecière mes carcasses qui ont commencé à légèrement faisander. J'ai dépecé les plus imposantes et les plus fragiles mais je n'ai pas boucané toute la viande : certaines choses ne sont pas forcément bonnes à manger lors de cette saison étrange...


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#25 05-11-2009 12:56:30

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Re: Carnet de route

11ème jour de la saison sèche, an 942

"Saison sèche, saison de chasse." Jamais l'adage n'aura été aussi vrai : les monstrueuse citrouilles sont partout et terrifient tous les habitants de Bélérim. Plus aucun marchand ne tente de faire prendre la route à ses caravanes de peur des monstres qui démembrent et déchirent à tour de bras, veaux, vaches, cochons et aventuriers en mal d'exploits.
Moi-même j'ai dû faire retraite plusieurs fois et sans les soins de Ferret, mon compagnon alchimiste, j'aurai sans doute dû rentrer me reposer et panser mes plaies profondes. Le pouvoir de ces alchimistes est vraiment puissant ! Leurs potions remettent sur pied un homme en un tour de main et même si mes cicatrices sont encore gonflées et rougeâtres, je ne ressens ni douleur ni gêne, me battant encore et encore avec mes compagnons comme si les cucurbitacés ne m'avaient jamais touché.

Nous sommes toujours sur la piste de Jack'O mais celle-ci est encore très confuse. Saurons-nous le trouver à temps ? La lanterne déverse sa lumière malveillante sur la cité de Bélérim, tout comme sur les autres cités du monde : les aéronefs qui circulent encore sans être dérangés rapportent dans les tavernes les rumeurs d'attaques dans les autres royaumes. Nul n'est à l'abri, si ce n'est dans les campagnes les plus reculées. Nous repoussons leurs assauts mais toujours davantage tendent leurs fibrilles vers nos gorges assoiffées et nos bras peinants. Il est vraiment temps de mettre un terme à cette guerre orange avant que trop de braves ne tombent...

Mais où es-tu Jack'O !?!


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